Le projet interroge la pratique du témoignage vidéo urban dans la condition médiatique contemporaine. L’installation propose un mode de visualisation de témoignages vidéo en immersion dans le contexte spatial ou les faits ont eu lieu. En resituant son public dans la situation du témoin ayant capturé la scène, l’installation construit une condition de spectateur engagé, transformant le processus de recherche de vérité dans les images en une pratique spatiale immersive.
Le public s’immerge dans une restitution 3D de la scène des événements de chaque vidéo, provenant des rendus urbains 3D de Google Maps. Il peut circuler dans ce fragment urbain “basse résolution”, saisir un smartphone, actionner la lecture d’une vidéo, et positionner son cadre de sorte a revoir la scène sous un autre angle, immersif cette fois. L’expérience direct de la position du témoin, ainsi que le contraste entre la vue familière de ces environnements urbains que fournit Google et les images souvent dérangeantes de ce qui a eu lieu “au même endroit” invite ainsi a la réflexion sur les différents processus de médiation qui a la fois génèrent et mettent en tension l’espace public contemporain.
« Champs / Hors champs » et post-vérité
La question du contenu situé à l’intérieur du cadre et/ou hors du cadre se pose à chaque instant: l’utilisateur doit constamment recadrer son appareil de vision pour que l’information disponible ne lui échappe pas. En invitant à cette chorégraphie du témoignage vidéo, le dispositif fait de l’utilisateur un “spectateur engagé.” Par là, le projet souligne le rapport à l’image nécessaire dans la condition contemporaine de post-vérité qui requiert un investissement actif de chacun dans la lecture et l’interprétation des images. En cela, le projet s’inscrit dans la recherche d’une ”esthétique d’investigation” – notion proposée par Forensic Architecture, le laboratoire d’enquête spatiale et médiatique basé à l’université Goldsmiths de Londres. Par la reconstruction des conditions techniques et spatiales du témoignage vidéo, le projet invite à la réflexion critique sur la singularité et la signification culturelle de ce mode médiatique particulier.
Google maps comme environnement de référence.
Aujourd’hui, Google maps se substitue en partie a l’espace urbain, nous naviguons par google maps, la carte a remplacé le territoire. A la vision de la ville lisse et digitalisée que Google nous invite a habiter, vient etre juxtaposée la friction du réel, du vécu.
L’installation est adaptable, afin d’être en prise avec l’actualité (comme forme particulière du réel partagé). Les prototypes actuels sur lesquels elle est développé concerne les cas de violence policières a Paris et a Minneapolis ainsi que le déboulonnage d’une state d’esclavagiste a Bristol.
Le projet « Immersive hybridPlace » est porté par Sophia Kourkoulakou dans le cadre de sa thèse « Art interactif en réalité mixte : une techno-anthropologie numérique. »et soutenu par l’ EUR-ArTeC (aap 2020).
Collaborateur du projet : Dr. Francesco Sebregondi (Forensic Architecture/Goldsmiths, University of London)
En partenariat avec EnsadLab Spatial Media et INREV/AIAC Université Paris 8.